4ème de couverture :
Ce qui fait la force des nouvelles de Colette Klein ce n’est pas tant la noirceur de leurs thèmes où la mort est omniprésente que, par contraste, l’aspiration à une lumière si blanche qu’elle fait basculer d’un monde à un autre. Les nombreuses échappées dans l’imaginaire favorisent les débordements insolites où le temps, qui cesse d’être linéaire, emporte le lecteur vers la découverte de sentiments inconnus.
Livre à commander aux Éditions de l’Œil du sphinx ou en librairie
à propos de ce livre,
ARTICLES
de Fabienne Leloup
https://louvedandy.org/2023/02/je-est-un-monstre-de-colette-klein/
de Rémi, “Le Crocodile” :
http://lettreducrocodile.over-blog.net/
de Dominique Zinenberg paru en ligne dans Francopolis :
http://www.francopolis.net/revues/D.Zinenberg-C.Klein-MaiJuin2023.html
de Claire Boitel, paru dans la revue Phoenix n° 40 :
Dans ce recueil de 21 nouvelles, Colette Klein décline les genres de fantastique, jusqu’à en inventer de nouveaux ! Dans « Le Train », situation banale s’il en est : un homme monte dans un train, le quotidien est vu par le prisme d’une surréalité, il ne se passerait rien mais monte comme un brouillard de l’esprit une brume étrange… Une atmosphère jamais éprouvée, jamais vue, tel un personnage, s’installe sur le siège, et ne décolle pas. Cette atmosphère bizarre, c’est le temps.
Dans ces nouvelles, l’espace même est touché par cette temporalité étrange, puisqu’on a affaire à un espace hors du temps, un monde parallèle qui n’en a pas moins une influence fatale sur les personnages. Ce monde parallèle s’implante partout comme une ombre dont aucun soleil ne peut venir à bout, tapi dans des zones apparemment bien délimitées, connues voire touristiques comme la Chaise-Dieu et son abbaye ou la tour Solidor de Saint-Malo. À partir de situations que tout le monde est plus ou moins amené à vivre, notamment les familles qui visitent, qui voyagent, les innocents touristes, Colette Klein dit : Stop !
Stop ! Vous n’avancerez pas plus loin sans vous poser les questions existentielles, les interrogations magiques !
Une grande solitude hante les personnages, même quand ils ne sont pas seuls, solitude qui fait loupe et verre déformant comme la « poussière de verre » que reçoit dans l’œil le petit Kay au début du fameux conte La Reine des neiges d’Hans Christian Andersen, éclat du mal qui tache la vision du monde mais aussi éclat de l’extraordinaire puisqu’il est à l’origine d’une histoire fantastique.
Rien de tel que la solitude pour voir et entendre en soi et autour de soi ce qui sans exister fait peur, et ensuite, par l’écriture, extérioriser ses condamnations intérieures et leur donner la chair de personnages.
« La fluidité de ses visions accentuait le vide, le transformait en réceptacle, en miroir. Les êtres qu’il avait connus défilèrent devant lui. Ils faisaient signe de la main et s’effaçaient d’eux-mêmes, gommés par une présence d’une autre nature. Une buée l’entoura qui devint souffle. »
Colette Klein est aussi peintre, et peintre qui parvient à réunir abstraction et fantastique : on croit voir émerger dans ses tableaux des silhouettes, des châteaux, des vues d’un enfer rouge ou d’un abysse bleu mais en sommes-nous certains et comment ces dentelles tracées au couteau deviennent-elles motif intérieur, vision ? Ainsi dote-t-elle son livre d’une illustration de couverture énigmatique — apocalypse de corps s’envolant d’un roc ?
Aveu de Michel Capmal :
J’ai été, et suis toujours sous l’effet de cette lecture. J’ai admiré. Admiré les ambiances, les idées mises en scène, ce fantastique quasi métaphysique, ce rapport entre logos et éros plus précisément pour Lumière qui commence par une phrase on ne peut plus banale : « La fête battait son plein ». Puis se précise par celle-ci : « L’alcool, au lieu de l’égarer, le rendait à lui-même. » Là, je commence à me reconnaître, au moins pour une période pas si lointaine. Puis, ensuite : « Son sang, contre ses tempes, cherchait une issue, remuait avec fracas des couteaux et des éclats de verre. ». Superbe ! « Elle se laissa ravir, détruire en pleine jouissance, convulsivement. » Sade n’a pas dit mieux. « Le temps était ailleurs… L’immense blancheur…Il marcha, avec en lui, Jeanne et son amour… avec en lui, des fibres, des nerfs bâtis en cathédrale… Il comprit simplement qu’il était déjà mort et… Une énergie… » C’est réussi ! Impeccable. Je crois avoir, moi aussi, vécu ce genre d’expérience, mais sans tuer qui que ce soit, enfin j’espère. Et je suis toujours vivant, enfin, il me semble. Et cette nouvelle m’a fait souvenir d’une nouvelle de Diane de Margerie. La similitude consiste surtout dans l’histoire d’une vieille dame qui traversant sa rue est renversée par un véhicule, et c’est à la toute fin d’une série de situations qui lui paraissent toujours plus bizarres, – sa maison lorsqu’elle revient de faire ses courses es occupée depuis longtemps semble-t-il par une famille inconnue – qu’elle « réalise » qu’elle est morte.
En tous les cas tes « histoires » sont impressionnantes. J’ai retrouvé en en lisant quelques-unes l’angoisse ressentie un nuit, vers 65, en lisant « La ruelle ténébreuse » de Jean Ray.
Article de Jean AYACHE paru dans la revue Diérèse n° 87 :
Extrait :
L’étrange et le surnaturel sont présents dans la plupart des nouvelles, ainsi le narrateur de “Ici et ailleurs” qui connaît un sort inattendu dans une église. Cette présence peut être positive : dans “Abonnés absents” le narrateur appelle sans se lasser la femme aimée qui vient de mourir. Je ne révélerai pas la chute, mais il est vrai que l’esprit, le désir peut nier la mort. On est dans le fantastique avec une double interprétation possible, rationnelle ou surnaturelle. La nouvelle, que pour ma part je préfère, m’en rappelle une autre, célèbre, de Villiers de L’Isle Adam, “Véra” : la jeune femme disparue de manière subite, et regrettée passionnément par son mari, se manifeste à travers un signe, la clé du caveau qui tombe soudain du lit.
Les chutes, fortes, le style, incisif et vif, à l’image des situations, retiennent le lecteur.
Un recueil attachant, qui personnellement me convainc que la nouvelle, genre majeur, ne se porte pas si mal qu’on le dit ici et là.