Premier livre publié.
Extraits
TEMPO
Là j’ai vécu
où se mouille le jour.
Tu rejoindras ton pas
Tu verras le seuil
et les horizons se découdre
J’ai trouvé
la trace de l’aveugle
le sel empourpré
blotti sur ses mains
l’amour trompé
dans sa voix dans son cœur
Là encore
tu reviendras
vers ce jeu sans nom
souviens-t-en
Tu seras là
parmi les morts et les fleurs
tu seras chargée des mille mémoires
oublieuses
qui déversent leurs orages
sur le chemin
Au-delà de la pierre
j’ai sculpté les reflets de ton nombre
pour les porter au ciel.
Toujours tout recommencer
Mais le malheur d’être là
c’est de vieillir
et d’attendre
de faiblir
sans toi
Le grand clown
aux yeux d’ébène
referme sa main
Il se tait
et l’écume
misérablement
piétine les tombes.
Le grand clown
ferme ses yeux d’ébène
Rappelle-toi
c’était après
lorsque le jeu
cessera de briser les routes
Ce sera comme autant des miracles
Rappelle-toi
Je n’attends plus d’autre nom
que le tien.
*
Se laisser porter par les arbres.
Des cœurs s’ouvriront à l’écorce trop dure
les cœurs tracés
La courbe des anciennes victoires
se glisse aux remords de la nuit
Je rêve que je suis
Je rêve que je rêve
mais rien ne peut mourir
ni même paraître
Une victoire des plus pures
et savoir et chanter la gloire de mort
Se heurter sans cesse
au murmure des bêtes folles
Une danse déroule sa cage noire
tout autour de la ville inaccomplie
Une danse de joie
une danse enchaînée au doigt maudit
à la corolle vive des fontaines
Un arbre se referme sur l’étoile d’aveugle
magicienne oublieuse
et très blanche
Je ne marcherai plus que sur les ponts
entre le jour et le ciel
entre le feu désuni et la montagne bleue.
Je ne les franchirai pas
mais je chercherai au-delà de mon propre regard.
Au-dessous se mêleront
les flots et les chants prodigieux.
Un moulin
Le crachat d’une abeille
Le corps de chaque fleur crucifiée
une auberge
une absence
et le fade regret de n’être pas mémoire.
Je ne sais
que le visage inconnu cloué sur le soleil
sans soif sans regard
L’indifférence
la torture de l’indifférence