2020 – N° 13

 

Daniel ABEL, Anne-Catherine BENCHELAH, Jean-Louis BERNARD, Patrice BLANC, Jean-Pierre BOULIC, Claudine BRAL, Xavier BUFFET, Carole CARCILLO MESROBIAN, Francine CARON, Anne-Cécile CAUSSE, Édith CHAFER, Jean CHATARD, Guy CHATY, Gérard CLÉRY, Jean-Claude-Albert COIFFARD, Danièle CORRE, Jean-Pierre CRESPEL, Chantal DANJOU, Kenzy DIB, Frédéric DIEU, Elli DROUILLEAU, Denis EMORINE, Aslı ERDOĞAN, Pierre ESPERBÉ, Bernard FOURNIER, Bernard GRASSET, Jennifer GROUSSELAS,Nicole HARDOUIN,Catherine JARRETT, Jean LAVOUÉ, Claude LUEZIOR,Jean MINIAC, Ivan de MONBRISON, Cécile OUMHANI, Michel PASSELERGUE, Richard ROOS-WEIL, Georges ROSE, Ara Alexandre SHISHMANIAN, Jean SICARD, Frédéric TISON, Hélène VIDAL, Monique W. LABIDOIRE.

 

Ont fait l’objet de note(s) ou article :

Salah AL HAMDANI, Adeline BALDACCHINO, J.-Louis BERNARD, Éliane BIEDERMANN, Hédi BOURAOUI, J.-Claude-Albert COIFFARD, Mireille FARGIER-CARUSO, Bernard FOURNIER, GUÉNANE, Werner LAMBERSY, Ghislaine LEJARD, Brigitte MAILLARD, Martine MORILLON-CARREAU, Michel PASSELERGUE, PAULE, Bernard PERROY, Pierre ROSIN, Maria do SAMEIRO BARROSO, Luc VIDAL, Monique W. LABIDOIRE.

DROUILLEAU

Elli DROUILLEAU

Culbutos (Papier, métal, plastique – 30 cm)

 



Carole CARCILLO MESROBIAN



Tu dis mon nom comme on nomme un passage

dans la gorge des nuits

tu délies

l’étranglement des solitudes

sur l’ombre des matins


Je dors à l’estuaire

là où s’embrasse le glissement des vagues

le cygne de mes bras

couronne ton sommeil


Le reflet des marées abreuve nos songes

notre terre désormais

est l’éclipse des jours


Ma robe de vie est au rivage

où rien ne pèse

je suis le vent d’amont

et la moiteur immaculée des marées

lorsque je viens vers toi

éparpillée dans ce miracle éperdu

de ta respiration


Je panse la louve noire…

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Frédéric TISON

 

 

NUAGES ROIS

Extraits

 

Tu marches sans hâte ; sous tes pas c’est la mer qui s’ouvre déjà — et ce soleil déchiqueté, vertige au-dessus de la mer.

Te voilà : ombre, silhouette ; ce nuage est-il de tes lèvres, cette plage naît-elle de tes mains ?

Tu n’es pas tout à fait du jour, à jamais : le soir qui tombe sur le sable te rappelle ta voix de couleur bleue et noire et de veilles.

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Michel PASSELERGUE


 

 

 

 

NACHTLIED



 

 

 

Flux aveugle, nuages effilochés – de toute sa folie la nuit m’emporte. Elle m’enveloppe de ses robes à double envol, de draps crépitants, d’éclairs de chaleur. Je flotte, échevelée, de tourbillons sans fin en troubles nappes d’insomnie. La nuit me déchire, me caresse. Plongée dans une clarté lunaire, je chante à voix secrète, émiettant du bout des doigts les derniers fruits d’astres errants. Songe à celle que tu cherchais à pleine langue, lacérant l’invisible d’une écriture anguleuse. Songe à mes rivières à fleur d’oubli, songe à moi, aimantée par la peur. Écoute les blessures de mon chant, au loin. Tu seras, à l’instant du réveil, livré à la horde des mots, aux fractures de ta mémoire. Je serai lumière perdue. Mon absence sera douce, et la mort soluble dans la nuit.

Corre

Gravure de

Danièle CORRE

 



Bernard FOURNIER

 

 

 

PIERRES LEVÉES

Extraits

 

Pierres nues

vieilles mémoires, aïeules aux hanches larges

aux baisers enfuis,

enfouis dans l’ardoise des toits


mères à la poitrine lasse, mères aux hanches fécondes

mères muettes

bavardes ;


les oiseaux de vos âmes piaillent

sur le plateau dévasté

votre mémoire poudroie dans l’air, lavée par les pluies, mordus par les vents,

délitée.

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Anne-Catherine BENCHALAH

UN TERRAIN VAGUE,

C’EST UN TEXTE QUI RÊVE…


Un terrain vague, c’est un texte qui rêve. Je ne sais pas pourquoi cette pensée s’impose. De la terre au texte, il n’y a qu’un pas. À fouler l’humus, on y repère des graines. Et plus tard on marche dans l’immense désordre de la vie qui va, qui s’impose, qui s’expose, qui explose. Tant d’espèces à saisir des yeux, à identifier parfois, à contempler toujours dans l’émerveillement de leur surgissement.

Pas de chemin tracé dans cet espace livré à lui-même, au vent, aux éléments impérieux, à la pluie soudaine, à la pluie caressante, au soleil qui réchauffe. À la nuit qui libère. Aux étoiles. À la lueur vagabonde qu’offre la lune dans son voyage interstellaire.


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GROUSSELAS Métempsychose

Jennifer GROUSSELAS

Métempsychose

 



Salah AL HAMDANI :

Les morsures de l’exil

 

par Gérard CLÉRY

Prends la parole

comme tu respires

et enjambe ton existence

Salah Al Hamdani

Sans la mémoire en éveil des témoins, tous les meurtres, leurs récidives, demeurent possibles. Les assassins savent se cacher dans les recoins de l’oubli et dans les faux-plafonds de l’Histoire. Fossoyeurs au sommeil de plomb, ils pensent les fosses communes de demain.

L’écriture de Salah Al Hamdani est celle d’un déraciné posté en sentinelle (et s’il est un arbre il est un palmier apatride, racines à vif) qui récuse fléchissement et fatigue. Sans que de sa poésie soient exclues larmes et tristesse qui serrent trop souvent de très près l’éloignement contraint comme le deuil.

L’exil est sa fêlure, sa morsure ouverte. Rivage et palmeraies perdus…. Les exilés sont les plus grands perdants de l’Humanité…. Je m’accroche à mon exil/comme un lézard escaladant le soir/loin des poètes frivoles des salons. Autres morsures, sa mère comme son père seront morts loin de lui… et dans ma chambre/toutes les nuits/résolument et dans l’urgence/je range la tombe de ma mère à la hâte.[1] Ou encore ces ecchymoses d’une absence involontaire La maison avait changé d’adresse/ma photo avait changé de place/la table avait été pliée derrière la porte/la chaise de mon père aussi/seul le vieux tapis fleurissait le sol.[2]


[1] Le Veilleur (Le Cygne – 2019)

[2] Bagdad mon amour (Le Temps des cerises – 2014)

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Édith CHAFER

 

 

RÉCITER L’ÉPHÉMÈRE

Extraits

 

 

CONSTELLATIONS


 

 

La nuit exige son tribut

Murmure ses énigmes

Et toi le guetteur de constellations

Tu inscris les chemins de l’éphémère

Sur les murs de la nostalgie

Avec des mots fugitifs

Ils illuminent les saisons à naître


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