Poète, auteur de romans, de pièces de théâtres, de nouvelles, d’essais.

Animateur de l’émission « Paroles et Chansons » sur Radio-Aligre, il avait auparavant animé des émissions sur la poésie, le théâtre, l’Histoire, l’Europe, adapté des nouvelles et, dans « Aide mémoire » des émissions – actuellement téléchargeables sur le site de Radio-Aligre – qui mettent en scène, avec la complicité d’un comédien, des interviews imaginaires permettant d’évoquer des personnages célèbres, par exemple : Olivier de Serres, Orélie 1er roi de , Alexandre 1er , Essénine …

 

PARU en novembre 2019, pour commémorer en 2019 les 10 ans de sa mort :

Pierre Esperbé : Je suis né dans l’infini des êtres, par Colette Klein

à commander aux éditions Pétra 20 € https://www.editionspetra.fr/

 

M. K. dit par Pierre Esperbé

 

 Bio-bibliographie

Poésie

Narthex. – Ed. PJ Oswald – 1971 –

Concerto pour marées et silence – Chambelland – 1974

La peau des spasmes – Chambelland – 1978

Clé de contact. – Ed. ARCAM – 1979

Inédits I à V – Collection Sajat – 2000-2001

I 1953 – 1987 : Passerage / La traversée / confins / Des pas dans le ciel / La maison du passage

II 1968 – 1969 : Dernier mai, « premier » mai / Genèse VIII / Champs de lèvres / Ouvert … par erreur

III 1970 – 1971 : Ce bilboquet d’atomes / Si bientôt il doit mourir /Cité / Le versant de l’aube / Pour que le temps renaisse

IV 1972 – 1975 : Je n’y suis pour personne / Assis sur le trottoir / Les chaussées d’absence

V 1976 -1980 : L’embrasure du temps / Caméra sur l’ailleurs / Sans-durée / Chant d’agonie

En 2002- Collection Sajat : Clés pour l’infini / Murmures de la maison voisine / Capteurs d’univers / La lampe des veines. 

Autre

A demi-mots – Collection Sajat 1958-1992 en 2001

Des Histoires de Paris – L’Harmattan – 2005

La Presse : à croire ou à laisser – L’harmattan – 2006

Au pied de l’Echafaud (Roman) Ed. Pétra -12 rue de la Réunion 75020 – 2007

Les Ventilateurs d’illusions (Roman) – Ed. Persée (posthume – 2010)

 

Théâtre :

 

 

EXTRAIT de LA PEAU DES SPASMES

 

Il y avait des foules et des foules dans son crâne

 

mondes qui venaient battre des digues

d’autres qui hurlaient à chacun de ses mouvements

et qui souvent

applaudissaient

acclamaient

glorifiaient

s’intéressaient

ou prenaient acte !

 

tant de gestes divers sur la pellicule de la vie !

 

il fallait bien tourner le film

il fallait prendre aussi les cellules et les faire tournoyer

dans le cyclotron de leur destin

 

Tout allait bien

Tout allait recommencer

 

sauf l’anéantissement de la réalité

qui fit

qu’à vingt deux heures trois

quand il traversa la rue

entre une 2 CV et un camion

il passa docilement au-delà de l’étalage éclairé

et se rencontra une fois de plus dans une offrande

de lui-même à lui-même

formant un tout

dans le creux de scie

par les dents de la solitude.

 

Il a fait de nombreux spectacles poétiques et théâtraux :

 

Après avoir pratiqué le mime en 1944-1946 (la Compagnie du Snark), il a dirigé une troupe qui, outre son succès au Festival du Raincy, comme déjà évoqué précédemment, a donné un hommage à Paul Éluard à Saint-Maur (1967), et a participé à la première semaine de la jeunesse de Levallois, au premier festival de la jeunesse de Clichy et en 1969 au Festival des Abbesses, etc.

Montages scéniques, réalisations, mises en scène : Aurélia de Gérard de Nerval (1965), Au temps des troubadours (1966), Les Amours de Ronsard (1968), Essenine ou l’Érable (1968), Poésie courtoise (1969), De Montmartre à Mortefontaine – Carco (1970), Monsieur, Monsieur (1971), La Farce du cuvier (1969).

Théâtre : La Farce du pâté et de la tarte (1966), Tristan et Yseut (version Joseph Bédier) Extrait (1966), Danton de Romain Rolland (1968), Roméo et Juliette de Cami (1968), Oswald et Zénaïde de Jean Tardieu (1969), Le Sacre de la nuit de Jean Tardieu (1969), La Paix chez soi de Courteline (1969), La Sonate de Jean Tardieu (1970), Le Cosmonaute agricole de René de Obaldia (1970), Le Grand valet de Pierre-Jakez Hélias (1971).

Pierre Esperbé signale avoir également été co-réalisateur de courts métrages de cinéma : Ballade pour un quartier qui meurt (1973), Monceau (1974), et co-producteur d’une émission R.T.F. : Paris au fil de l’eau (Paris-Ile-de-France) (1964). Il a aussi réalisé des montages audio-visuels : Baudelaire dans Paris (1977) et La Commune (1971).

 

Spectacles de variété : Les Quatrains (1967-1968), Les Calligrammes (1970-1971), et participation à des galas, à des « Tours » en cabaret.

 

Ou plus précisément – selon les propres termes de Pierre Esperbé :

 

Ne poussez pas Mesdames et Messieurs ! : Sur un style « rive gauche », il passe de la fantaisie, de la boutade, de la satire d’une époque à une poésie aussi bien populaire, dans le sens de baladin, que lyrique. En une heure, avec le souci de ne pas ennuyer son auditoire et sur un ton de dérision, d’ironie sans méchanceté, il traite aussi bien des excès de notre temps (absurdité de la publicité, de l’administration, de l’environnement, etc.) que de la liberté dans une vie quotidienne souvent menacée. Il s’approche des tendresses et des espoirs encore présents chez l’homme de tous les jours.

 

Quelques poèmes parmi ceux que j’aime : Récital poétique d’une heure. Interprétation de grands poèmes de différents siècles (Moyen-âge, et du 17e au 20e siècle), et de différents pays (France, Brésil, Chine, U.R.S.S., Italie, U.S.A., Espagne, etc.). À titre indicatif et non limitatif, quelques poètes de ce spectacle : G. Apollinaire, C. Baudelaire, A. Chénier, P. Éluard, E. Evtouchenko, F. Garcia-Lorca, M. Jacob, H. Michaux, A. Rimbaud, L. S. Senghor, P. Verlaine, C. Vildrac.

 

Veillée montmartroise, avec le chanteur Jean Georges : Anecdotes, chansons, poèmes, style cabaret veillée, évocation de Montmartre de 1880 à 1914 qu’il décrivait ainsi : À la fin du XIXe et au commencement du XXe siècle Montmartre était encore un vieux village perché sur la butte. Là, et vers Blanche, Pigalle, Anvers, se retrouvaient les artistes (peintres, poètes, chansonniers, etc.). Cette veillée d’anecdotes, de souvenirs accompagnés de poèmes et de chansons évoque cette période de plaisir, d’humour, de bohème romantique mais aussi de misère, de « vaches maigres » et parfois de désespoir [entre autres soirées il faut noter la Veillée montmartroise présentée en septembre 1980 lors du Festival de Montmartre, au Centre Culturel, rue Cortot].

Évocation qui contient aussi bien une brève histoire de Montmartre à travers les âges (Saint-Denis, L’Abbaye, les Moulins, la Commune, etc.) que le rappel de ceux qui firent sa réputation artistique (Bruant, Jehan Rictus, Gaston Couté, Jules Depaquit, Frédé, Rodolphe Salis, Francis Carco, Dorgelès, Max Jacob, Apollinaire, André Salmon, Picasso, Mac Orlan, Utrillo, etc.) et aussi les « hauts lieux » (Bateau Lavoir, Chat Noir, Lapin Agile, Moulin Rouge, Élysées Montmartre, Quat’z’Arts, etc.).

Spectacle style cabaret-veillée où l’on passe par exemple de la nostalgie de Rose blanche à l’entrain de Nini Peau d’chien, avec le vœu que l’assistance reprenne en chœur les refrains attirants, voilà ce que veut cette évocation dans le cadre et la chaleur d’une fête de l’amitié.

 

Les Shikalongs (créé en 1980 au Café-théâtre L’Écume Club qui se trouvait rue de L’Ouest). Spectacle qu’il annonçait « débile, absurde, burlesque, satirique, etc. ». Qu’ils sont amusants ces animaux-là !

 

Des pas dans le ciel, One man show – programme entièrement composé avec ses textes : Voir la liste des œuvres dans l’article de Guy Chaty p.  . Spectacle donné par exemple au « 7 scène là », café-théâtre 7 rue Coustou 75018 Paris, le 28 février 2001, et la même année, le 9 mai, « Chez Driss », au restaurant « Les Uns les autres », 15 rue Chevreul 75011 Paris.

 

À cœur ouvert, ou Deux voix… Une guitare, avec Bernadette Nicolas. Alternance de poèmes dits par Pierre Esperbé et chantés par Bernadette s’accompagnant à la guitare (c’est également elle qui en composait la musique). 

Un disque est né de ces spectacles :

 

À cœur ouvert, étant consacré exclusivement à des œuvres de Pierre tandis que Deux voix… Une guitare offrait un panorama très varié de poèmes qu’ils aimaient, comme par exemple (en italiques les textes dits par Pierre, les autres étant chantés par Bernadette) : Saltimbanques de G. Apollinaire / Je ne suis pas venu chanter de L. Felipe / Donne-moi tes mains de L. Aragon / El Desdichado, puis Fantaisie de G. de Nerval / La Complainte de l’homme exigeant de J. Tardieu / Il était un poète de P. Esperbé / Le Sang répandu de F. Garcia Lorca /  Un matin de J. Prévert / Fausses nouvelles de M. Jacob / 3 Chantefables de R. Desnos / La Fourmi et la cigale de R. Queneau / Il y en avait de C. Vildrac /  Ailleurs… de P. Esperbé / Mon cœur est une cour de M. Ana / Sonnet pour Hélène de P. de Ronsard / Mon rêve familier, puis Femme et chatte, de P. Verlaine / Coquette, puis Le Chat noir, de A. Bruant / L’Aube rue Saint-Vincent d’A. Salmon / Paris… d’H. Gougaud / Le Postier de M. Rioutord / Chansonnette d’humour et d’amour de B. Nicolas / La Coccinelle de V. Hugo / Chant d’un soir, œuvre uniquement musicale de B. Nicolas / Ïambes d’A. Chénier / Oh la guitare de L. Aragon.

Plusieurs lieux ont accueilli Pierre Esperbé pour ses spectacles. Je pense, tout particulièrement (par ordre chronologique) au Prologue, petit théâtre situé dans le 15e arrondissement, dirigé par Micheline Parque, et assez près de là, à la crêperie Ar Baradoz – outre son spectacle il y a donné une Soirée montmartroise -, au café L’Écume club, alors situé rue de l’Ouest – dans le 14e – et dans une rue adjacente, au lieu de rencontres poétiques, La Passerelle. Puis La Sou’pap’ Librairie-Théâtre, Rue Sainte Croix de la Bretonnerie où il donna Quelques poèmes parmi ceux que j’aime. En février 2001, il se produisit au 7 Scène-là (près de chez lui, rue Coustou) pour Des pas dans le ciel. Seul ou avec Bernadette Nicolas (cf. son témoignage),au Pol Club,  au Rideau rouge (qui se situait dans la cour hébergeant aussi le théâtre des Déchargeurs), au Grenier, au Cygne d’étang, librairie située rue de Charonne, Paris 11e, au Bistrot blanc, cave musicale qui était située rue Blanche, Paris 9e où Bernadette Nicolas et Pierre Esperbé se sont produits le 2 juin 2005, au Bouffadou, rue des Vignoles, Paris 20e, grâce à Patricia Ferté (éditions Pétra) qui lui a fait connaître ce centre, lieu de vie accueillant des personnes en difficultés morales, avec lesquelles il s’est senti en totale empathie en cette soirée d’octobre 2006, au Chat noir (dans le 11e), au Caveau des artistes (rue des Martyrs) où le 7 décembre 2006, ils partagèrent la scène avec Bruno Fromentot et Patty,  et surtout, les dernières années, au Jazz Cartoon – rue Montmartre, 9e – malheureusement fermé à la suite du décès de Philippe Fèvre [1], qui dirigeait ce lieu avec passion. Il a parfois été accompagné par le pianiste Roger Pouly et a aussi participé aux rencontres de la Balle au bond – sur une péniche.

 

Avignon (à La Casa d’Irène) :

1980 : Ne poussez pas Mesdames et Messieurs

1981 : L’Attrape-rêves, théâtre (voir ci-dessous).

[1] Philippe Fèvre, grand amateur de jazz, avant d’ouvrir son restaurant, avait longtemps travaillé au Petit Journal Montparnasse.

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ou fait l’objet de rencontres entre plusieurs de ses interprètes :

 

EXTRAITS de CONCERTO POUR MAREES ET SILENCE

 

Je suis né pas plus tard qu’aujourd’hui

Pour le monde je suis né dans ma date de naissance

 

Mais je suis né dans l’infini des êtres

En pleine solitude des serpentations

D’une foison de lianes

 

Je suis né par quel mirage sans avoir été conçu …

Soudain

je me suis retrouvé

Seul

dans un fouillis de fougères géantes

à l’âge du carbonifère

 

Je croyais être sur un chemin

au cœur du mutisme des marais et des bois

 

Par le vacarme des milliers d’espèces

………… HULULEMENTS…………..

……. CHAIR ……………………………

…………………….FROISSEMENTS

………….FRISSONS………………..

 

extrême de la gamme des battements

 

Je croyais entendre un sentier

 

J’étais seul aux antipodes de ma vie !

 

Ma vie

Je connaissais les garde-fous de ma quantité d’années

 Je connaissais la toile de fond de mon théâtre

 J’avais en mémoire l’injonction des limites

mais

quand j’enlevais de leur boîte les bribes de rêve déposées

       par le temps

une étendue s’ouvrait devant mon miroir

une étendue de nuées

d’ombre

de pénombre

de formes d’âmes

d’échos aussi

 

une étendue qui devenait oubli

parce qu’il n’y avait pas à se souvenir

puisqu’il était dit que

j’étais déjà présent aux terres d’insolite

avant que j’y vienne

 

si réelles maintenant que j’en partageais la brise

[…]

Je respire ma rêverie

[…]

Quand on passe la tête et les bras dans la camisole étroite de poème

on ne sait quel phantasme vous enfermera au cœur des engrenages du néant 

 

En ce temps les herbes s’étouffent

       Vous êtes dans le grain de poivre

fosse au sein de tous les pics

… l’unique vestige de quelques arpents

de pâture sans mousse

se dissout dans la cordillère des années

 

mais

au moment du coma de votre âme

voila qu’un reflet dégringole de roche en roche

apportant dans son fracas la preuve d’une échappée

 

Alors

       vous agrippez les dentures du gouffre

vous élargissez à chaque temps votre faculté

d’arbuste pour en faire un poumon

un nuage

une ombelle

une gerbe

un arc-en-ciel

et vous gagnez de nuées en chants les miroirs d’astre

et vous entourez sinueusement dans vos jambes

allongées à l’impossible

 

l’univers que vous serrez dans vos spasmes

 

Vous êtes enfin libres

sur la plage tournante de vos bras ajoutés

dans l’étourdissement

de cette fiole vitriol

qui suinte

aux nausées

de votre

poème …

Plaise à mon bras que je soulève un globe que je déverserai par monts et par vaux dans les surprises de mes golfes

 

Plaise à l’onde ouvrant l’huile d’un mage de rivaliser d’élégance avec mes fleurs pour redire ma terre

 

Plaise à la marée d’infléchir mes sommeils au chevet d’une torpeur aux recommencements invisibles du gouffre

 

Plaise à tout l’horizon d’allumer vingt mille phares que je renferme en moi bien que mon océan se taise au jour

 

Plaise au roi des lagons d’attendrir les dauphins qui s’aimaient d’algues et de roches sans que j’arme mes yeux d’embruns

Plaise à l’ouragan de murmurer mes doutes aux flocons de mon chant lorsque les mots ont répété les portes

Plaise à mes cris de franchir les remous pour atteindre au lointain la maison du rivage que je créé dans la mer